Iléa finit par s'extirper de ses couvertures où elle s'était pelotonnée en sanglotant. L'idée qu'on l'attendait la terrifiait, mais chaque minute qui passait rallongeait cette attente ; or, elle ne désirait surtout pas
le faire attendre.
Elle se rendit dans la salle de bain attenante à sa suite. Immense, carrelée d'une pierre transparente, elle resplendissait de clarté en ce midi de printemps. De longs rais lumineux tombaient du ciel à ciel ouvert et ricochaient sur les murs scintillants. Cette pièce était décidément une œuvre d'art.
Près d'une des parois, une petite piscine assez profonde laissait échapper des effluves de fleurs douces et épicées ; elle ne put résister à l'envie de se plonger dans l'eau brûlante afin de se calmer. Après un léger soupir, elle essuya ses yeux humides et fit tomber le peignoir brun qui la recouvrait.
Debout face à son reflet que renvoyait une glace murale, elle s'examina. Depuis quelques années, elle n'avait pas pris le soin de s'admirer ni de se voir ne serait-ce qu'une suele fois dans un miroir ; ce qu'elle voyait aujourd'hui l'étonnait.
En face d'elle, une jeune beauté blonde, cambrée, dont la peau blanche et crémeuse renforçait l'éclat de ses yeux sombres. Des seins ronds et fermes, une taille fine qui s'évasait en hanches arrondies, un port altier. Comment ne s'était-elle pas aperçue de tous ses changements ? Pourquoi, surtout ? Parce qu'elle était trop occupée à régler des affaires qui ne la concernaient pas vraiment ? Oui, comment. Comment ne s'était-elle pas rendue compte qu'à présent, elle était une femme ?
Elle releva ses cheveux en un chignon désordonné et s'approcha de la baignoire. Huma l'humidité tiède qui régnait dans la pièce. S'approcha du bord... Elle s'élança au dessus des eaux, demeura quelques instants dans l'air, les mains jointes en prières, les yeux clos, le dos creusé... Elle fendit l'onde d'un plongeon parfait sans aucunes éclaboussures.
Quinze minutes plus tard, elle s'enveloppait dans une serviette blanche et moelleuse. Son corps chaud ne demandait qu'à être vêtu, son cœur battait dans sa poitrine. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait peur. Peur de rencontrer quelqu'un, peur de
le rencontrer. Mais il l'attendait déjà...
Ses pieds faisaient des traces humides sur la moquette immaculée jusqu'au dressing ; elle n'en avait cure. Elle voulait simplement faire le plus vite possible ; elle voulait simplement que tout cela soit fini. Elle ouvrit les portes cirées des armoires en acajou, chercha quelques temps... Ses mains saisirent une étoffe soyeuse, fermèrent les portes d'un coup sec.
Elle ne prit pas le temps d'observer le résultat final dans le miroir ; elle était déjà en retard. Ses membres tremblaient d'une excitation à peine contenue. Elle avait hâte.
Elle chaussa ses pieds de talons hauts et noirs, dans lequel elle dissimula un poignard - on ne sait jamais -, dénoua ses cheveux qui retombèrent sur ses épaules dans une cascade brillante et ondulée. Aujourd'hui, elle voulait être la plus belle.
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Des gardes se tenaient devant l'entrée de la pièce, le regard alerte.
" Est-t-il ici ? leur demanda-t-elle, inquiète.
Oui, votre Altesse. Depuis dix minutes à peine.Dix minutes ! Espérons qu'il soit patient, songea-t-elle, nerveuse. Les portes s'ouvrirent sans bruit...
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Il était là, assis sur une chaise, regardant la pièce d'un air perdu et déconcerté. Soudain, il l'aperçut. Son regard s'éclaira, transfigurant son visage en beauté presque irréelle parce qu'immense. Elle faillit chanceler, se retint à un meuble et reprit contenance. Elle devait
l'impressionner. Elle releva légèrement le menton, posa sur lui ses beaux yeux et esquissa un sourire. Si léger que seul un observateur attentif aurait pu le discerner. Puis elle tira une chaise tendue de velours sombre et s'installa en face de lui.
"Bonjour", murmura-t-elle doucement.
Le garçon demeura sans rien dire pendant quelques secondes. Elle leva un sourcil, impatiente. Pourquoi ce silence embarrassé ? Qu'avait-il à lui reprocher ? Était-elle laide ? Était-elle trop prétentieuse ? Elle s'obligea à ne plus penser et attendit.
Il ouvrit la bouche...
( Pourquoi Mouais ? Bon, tout d'abord, je sais, c'est nul. Secondo, je sais, tu me fais la gueule. Tertio, il faut que tu saches que la raison pour laquelle tu me fais la gueule est en fait un quiproquo tout bête et qu'un mp t'attends sur BOM. Voilà... Bisous
)